Warning ! Podcast in English only !
Interview de Marko Lehtinen, le batteur, guitariste et co-auteur des chansons du groupe Ashtar. Enregistré le 11 janvier 2021.
Ashtar est un groupe de doom / black métal venu de Suisse.
Le premier album Ilmasaari a été encensé par Tom G. Warrior tandis que le second album Kaikuja apporte de nouvelles atmosphère au catalogue du label Eisenwald.
Musiques :
- Ben Guinchi & Death Throne – Parole de métaleux thème
- Ashtar – She is awakening – Kaikuja
- Ashtar – Des siècles qui éternellement séparent le corps mortel de mon âme – Ilmasaari
Durant le premier confinement de cette fabuleuse année 2020, mes investigations pour trouver des groupes de black / doom métal se soldaient par quelques pépites. Puisque l’humanité découvrait sa faiblesse face à un petit virus, le temps était propice à l’introspection et je me repliais également pour découvrir de bonnes galettes.
Lent avec des phases de blast beat bien dosées, un growl profond et maîtrisé, un aspect hypnotique porté par un doom lourd, et surtout du riffing plus évolué qu’un Candlemass. Ashtar, c’est tout ça à la fois avec en plus des relents de sludge boosté par leur blackened-doom metal.
La recette fait carrément la différence, il faut goûter pour s’en convaincre.
Le sludge et l’atmosphère planante appuient leur propos comme un marteau enrobé de Pink Floyd (oui, oui, il faut faire un effort de visualisation et non pas attendre une image ou… écouter le podcast tout simplement).
Du fond de ma black-cave, j’ai réussi à joindre Marko, le second membre permanent d’Ashtar avec Witch N.
Grâce à l’ambiance tamisée de ma cave et au doux contact technologique de la webcam, le bonhomme se dévoile comme une personne très sympathique.
La collection des albums des Pink Floyd sur sa bibliothèque donne le ton. Le psychédélique et le progressif, il connaît le garçon.
Ashtar est le projet commun d’un couple, celui de Witch Nadine Et Marko Lehtinen.
Ils se sont croisés durant l’activité de Phased. À eux seuls revient la genèse de leur union (et ceci ne nous regarde pas comme dirait un très bon commentateur sportif).
Une constante, leur bon goût pour le black et le doom. Il faut écouter, pour découvrir une musique maîtrisée aux innombrables subtilités. Le doom devient épique ou oppressant, le growl de Nadine renforce l’effet de trance. Une grande harmonie opère que l’on passe de trémolo aux arpèges, on se laisse emporter par le torrent.
Un duo ?! C’est un peu comme black-man (super héros blackeux) et Robin le ténébreux (son fidèle équipier en collant vert moulant à froufrou). Il y a bien des avantages à officier ainsi (à 2, et non pas porter des collants…Il faut suivre mon vieux). La liberté de création est bien plus affirmée, moins de compromis à faire qu’un groupe classique de 4. Je n’épilogue pas sur les groupes de 1 ou de 3. Je le réserve pour plus tard.
Leur liberté d’expression se ressent dans les arrangements musicaux et les textes. Ah oui les textes ! N. Witch signe tous les textes. Comment être insensible à :
Their blood on stones
They carved these signs
The book is closed since they disappearedHealed
With their rhyme of wisdom
Sealed
Is the answerRead the blood stones
Read the lines
Follow the witches
Follow the words
Bloodstones – Kaikuja
Ce texte m’inspire. Je vois bien une sorcière accroupie, face à son patient mal-en-point. Elle seule connaît les mots vertueux pour soigner, elle seule connaît la porte pour l’autre monde des esprits.
Continuons les élucubrations…
À 4h du matin dans ma black cave, en plein shutdown covid, la lumière de la lune traverse le saut-de-loup pour m’éclairer, la sensation d’être seul est d’autant plus prégnante. Ashtar envoûte, Ashtar est occulte. Non pas à la Electric Wizard, non. On parle des forces de la nature en action. Point de bipolarité bizarrement, la nature s’en fout du bien et du mal. Elle est sans sentiment, sans concessions. Seule perdure la vie au détriment des autres. Le grand rituel pour la vie écrase tout. La nature est une force féminine, Ashtar nous le fait comprendre à coup de blast beat et de growl…Le tout en douceur. (C’est bon, vous l’avez le paradoxe ?)
Mon cerveau fortement secoué par la double pédale s’égare et se pose des questions saugrenues. La dernière en date parle de l’origine du nom du groupe, Ashtar.
Petite digression pour taire les plus coquins d’entre vous. Nous ne parlons pas d’Ashtar, ô grand Kommander de l’hyper espace.
Ashtar est tiré d’une nouvelle de Witch N. Ashtar est le nom d’un pays fictif. Je vous l’ai dit, son univers est grand, il enveloppe, c’est l’essence du doom.
Les jaquettes d’album ? Parlons-en aussi. Leurs beautés sont évidentes (je tease et j’insiste avant de vous mutiler les rétines quelques paragraphes plus bas). La cover art de Ilmasaari provient d’Alfons Mucha tandis que celle de Kaikuja provient d’un artiste Indonésien appelé Amunra.
La figure féminine cache les yeux… Il ne faut pas voir les démons. Il faut aller plus haut, prendre de la hauteur sur les faiblesses de la terre. Il faut aller vers l’île dans le ciel (traduction de Ilmasaari, qui est un mot finlandais…La terre patrie de Marko).
Cette fois ci, la femme, la reine, la sorcière, cette figure maternelle trône et observe des événements lourds. Vers le passé, vers l’avenir, ou regarde-t-elle amèrement les catastrophes ? Elle se fait l’écho d’une situation grave.
Avant dernière étape de l’interview avec Marko. Je montre une cover d’album et j’attends une réaction.
Je regrette de ne pas avoir pris une collation à base de houblon avec le monsieur, on aurait pu discuter des heures.
Là, je dis bravo ! C’est bien la première personne que je rencontre qui préfère Di Anno au chant plutôt que Dickinson. Au moins Killers d’Iron Maiden l’aura marqué (ainsi que votre serviteur).
Black out est l’album de Scorpions préféré de Marko. Au moins, on est d’accord. Scorpions ce n’est pas juste siffler wind of change pour draguer une fille.
Pêle-mêle :
Dernière information et non pas des moindres : le devenir d’Ashtar. Je trépigne d’impatience d’écouter un nouvel album écrit à 4 et avec des solos (oui yeah!).
Un black doom psychédélique avec des solos à la Gilmour. Je suis sûr que vous y avez pensé monsieur et madame Witch. En attendant, je vous dis à la revoyure !
Chance ou non, ma chanson fétiche d’Ashtar est en live et en français sur Youtube.
Des siècles qui éternellement séparent le corps mortel de mon âme